Nous saisissons l’occasion de cet article publié sur le site Theconversation.com pour mettre en lumière la démarche de développement durable menée par la coopération de différents acteurs en faveur des populations locales fragilisée. Une occasion ludique et pédagogique de découvrir par une bande dessinée – de 7 à plus de 77 ans – les coulisses d’une réflexion sur les modalités d’actions concrètes, et ce, à Madagascar où ADRA opère.
Par Tiphaine Chevallier, Institut de recherche pour le développement (IRD) et Lydie Chapuis-Lardy, Institut de recherche pour le développement (IRD)
Comment intéresser le grand public aux enjeux climatiques du secteur agricole ? À l’aide de la bande dessinée ! Et plus précisément à l’aide d’une BD interactive, intitulée Une question à un million, disponible en intégralité sur le site de l’illustratrice Caroline Gaujour.
Le secteur agricole est aujourd’hui particulièrement touché par les conséquences néfastes du réchauffement : les sols se dégradent, les rendements des cultures sont plus faibles et sensibles à ces perturbations. Victime, l’agriculture est aussi actrice de cette situation en contribuant à l’augmentation de la concentration en gaz à effet de serre de l’atmosphère.
Si elles sont moins médiatisées que les politiques de préservation des forêts, les modalités d’utilisation des terres offrent toutefois des options pour lutter contre ces dérèglements.
Investir dans des pratiques agricoles basées sur l’enrichissement en carbone des sols représente ainsi une solution face au changement climatique. Plusieurs projets internationaux – de l’initiative 4 pour 1 000 à la Grande Muraille verte – y contribuent.
Le développement d’une agriculture durable, rémunératrice pour les exploitants sans compromettre l’environnement, s’impose désormais. Dans les pays du Sud, de tels projets, souvent soutenus par des ONG, investissent dans l’agriculture familiale. Il s’agit d’accroître la productivité et la rentabilité des systèmes agricoles, tout en contribuant à atténuer les émissions de gaz à effet de serre.
Chercheuses à l’IRD dans ce domaine, nous souhaitions vulgariser nos travaux, menés en collaboration avec une équipe de l’université d’Antananarivo (Madagascar), et aiguiser la curiosité du public sur les différents métiers du développement rural.
Dans la région d’Itasy à Madagascar
Nous voulions évoquer des situations et des personnages qui permettent aux lecteurs de s’identifier. Nous voulions un support de discussion pour de futures interventions et formations.
La première étape a consisté à publier un article scientifique paru dans une revue internationale avec Narindra Harisoa Rakotovao, une jeune scientifique malgache qui s’est intéressée aux projets de développement agricole dans la région d’Itasy.
Pour que le lecteur puisse s’interroger, nous avons opté pour un scénario interactif, dans le style des romans dont on est le héros. Nous avons ensuite opté pour le format, souple, de la bande dessinée.
L’illustratrice Caroline Gaujour a commencé par adapter le scénario interactif en story-board en s’aidant de photos de références de terrain. Elle a ensuite créé les visuels des différents personnages, puis élaboré les 35 planches de BD nécessaires à traduire l’histoire en dessins. Le lecteur y partage l’expérience de Thomas, un jeune consultant international.
Après avoir explicité les enjeux d’un projet de développement rural dans la petite région agricole (1800 hectares) située près d’Itasy et le point de vue de différents personnages – un agriculteur, un volontaire dans une ONG, un collègue, Internet, une chercheuse –, le jeune consultant aidé du lecteur a le choix entre différents projets agricoles pour la région.
Les bénéfices potentiels de chaque projet ont été quantifiés par trois indicateurs projetés sur une période de 20 ans – le bilan des émissions de gaz à effet de serre (GES), les bénéfices économiques pour les agriculteurs et l’efficacité des investissements économiques pour atténuer les GES. Les conséquences de ces différents projets sont explicitées en aparté.
Une avalanche de questions et de choix
Tout au long de la BD, le lecteur suit le cheminement de pensée du jeune consultant qui travaille pour un bailleur. Les politiques internationales et la coopération entre États incitent en effet des bailleurs à investir dans des projets de développement industriels, environnementaux ou agricoles.
Ces projets sont souvent de grande ampleur et les sommes impliquées élevées. La portée et les conséquences sur les populations peuvent être importantes : comment et avec qui définir de tels projets ? Quels sont les objectifs souhaitables ? Comment utiliser au mieux l’argent de la coopération ? Qui est légitime pour décider ? Autant de questions que doit se poser le jeune consultant.
Au fil de ses rencontres, la multiplicité des informations et des points de vue complique encore un peu plus ses choix…
Le personnage de la chercheuse souhaite sortir le jeune consultant de sa torpeur, mais elle l’assomme avec un peu plus d’informations. La recherche est ici traitée de manière humoristique : elle ne donne aucune solution, ne trouve rien ou si peu, mais pose un tas de questions !
Cette multiplicité des problématiques illustre la vitalité de la recherche sur ces thèmes : il n’y a pas de solutions évidentes, mais il n’y a pas de mauvais choix non plus… sauf de ne rien faire.
Retrouvez l’intégralité de la BD « Une question à un million » ici
Le projet de recherche « SoCa » dans lequel s’inscrit cette publication a bénéficié du soutien de la Fondation BNP Paribas dans le cadre du programme Climate and Biodiversity Initiative.
Le nouvel appel à projets (2023-2025) est lancé. Six à neuf projets de recherche seront sélectionnés et soutenus financièrement par la Fondation, à hauteur de six millions d’euros. La date limite de réception des dossiers de candidatures est fixée au 20 avril 2022.
Tiphaine Chevallier, Chercheuse, Institut de recherche pour le développement (IRD) et Lydie Chapuis-Lardy, Senior research scientist in Soil Science, Institut de recherche pour le développement (IRD)
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.