Artisans de paix… qu’en dire ? Alors que depuis des décennies la guerre est devenue industrielle, peut-on imaginer que des artisans puissent rivaliser avec l’effroyable efficacité à détruire dont s’est doté l’être humain ? Ukraine, Gaza, Israël, Liban : parmi les théâtres de guerre, ceux-là crèvent l’écran. Et que dire du Soudan, du Yémen ou encore de la République Démocratique du Congo ? Avons-nous même le souvenir que des crises humanitaires s’y déroulent encore, que des massacres y sont commis ?
Alors l’artisanat dans tout ça, me direz-vous ? Pourtant, les plus beaux édifices prennent des décennies à être construits. Il suffit d’un jour pour les mettre à terre. Et malgré cette fragilité, cette lenteur, il vaut toujours la peine de les élever. La paix possède sans doute quelque chose de similaire : fragile, mais d’une valeur inestimable. Elle exige patience, finesse, savoir-faire… Un véritable art, qui se pratique et se cultive pour en devenir l’artisan.
Est-ce paradoxal qu’à l’évocation de la paix, nous pensions immédiatement à la guerre ? Peut-être parce que l’intensité de la guerre nous sidère et capte notre attention malgré nous. Peut-être aussi parce que la guerre apparaît comme cette violence imposée par l’autre, l’”ennemi”. Alors, en pointant la guerre de l’autre, il est peut-être plus facile pour nous de nous penser porteurs de paix.
Mais qu’est-ce que vivre la paix, la construire ? Nous comprenons ce qu’est être privé de paix, intérieure ou extérieure. Mais la posséder, la vivre au quotidien… plus difficile d’en donner la définition.
Les lignes qui suivent nous aideront à en définir un peu plus les contours. Cependant, notre ambition ici n’est pas de transmettre un savoir livresque sur ce qu’est la paix, mais de nous encourager à en être des artisans. Ce travail prend des formes multiples et demande à ce que notre patience et notre détermination soient renouvelées malgré toutes les fragilités du monde, proches ou éloignées.
Michael PAÏTA, Vice-Président
Retrouvez cet édito dans la revue Trait d’Union ci-après.